Outil de gestion des temps d'autonomie
Qui dit double-niveau, dit autonomie. Même si dans n'importe quelle classe, les élèves sont amenés à travailler en autonomie, notamment avec le développement de l'enseignement différencié en petit groupe, les temps d'autonomie sont encore plus nombreux dans les classes à cours multiples, où il faut jongler entre les différents niveaux de classe et particularités des élèves.
Depuis le début d'année, j'insiste auprès de mes élèves sur l'importance des temps d'autonomie. Lors de ces temps, je propose uniquement aux élèves des exercices d'entrainement et de réinvestissement : ils ont pour but d'automatiser certains apprentissages ou de les renforcer.
Au cycle 2, rares sont les élèves autonomes. Il était fréquent que je sois dérangée par les certains élèves pendant une séance d'apprentissage dirigée avec un autre groupe. Parfois, leurs interventions étaient justifiées, mais bien souvent, les élèves étaient capables.
J'ai aussi remarqué que certains élèves bâclaient parfois leur travail autonome, dans l'espoir d'être libérés plus vite... De toute façon, la maîtresse n'est pas derrière moi, elle ne pourra rien me dire. Ils oublient que je corrige tous leurs travaux... et que je me rends bien compte quand un travail a été fait sérieusement ou pas. De même, je suis parfois dérangée, lorsque j'ai le dos tourné, par des bavardages trop fréquents et trop peu discret, qui n'ont pas lieu d'être : cela dérange à la fois les élèves travaillant en autonomie, mais aussi le groupe de l'enseignant.
Pour gérer correctement ces temps de travail autonome, j'ai cherché à mettre en place un système de régulation des comportements des élèves. Pour cela, j'ai instauré les clés d'autonomie.
LE FONCTIONNEMENT
Les clés de l'autonomie se base sur un système de privilèges. L'objectif est d'inciter l'ensemble des élèves à avoir un comportement propice au travail, et respectueux des camarades. Pour chaque élève, il s'agit de gagner en autonomie.
Après un temps de travail en autonomie, j'accorde ou non un fragment de clé à l'élève : les modalités d'attribution ont été discutées avec les élèves au préalable. Nous avions eu l'occasion de définir ce qu'était un élève autonome, et nous avions déduit que ce terme se référait tout autant au comportement qu'au travail. Je prends ainsi en compte la qualité du travail et les efforts réalisés par l'élève, ainsi que son comportement (bavardage, comportement perturbateur...).
J'invite les élèves à faire de leur mieux et, en cas de difficulté, à se servir des nombreux outils présents dans la classe : bandes numériques enroulables pour les exercices de numération, dictionnaires, affichages et cahier de leçon.
Les élèves collectionnent les fragments gagnés (dans l'ordre des couleurs) sur une fiche de suivi individuel.
Les clés gagnées leur ouvrent des portes et l'accès à des privilèges tels que :
- se rendre au coin bibliothèque sans demander l'autorisation à la maîtresse
- avoir accès à de nouvelles ressources en autonomie (jeux sur fiche, énigmes...)
- avoir accès aux jeux pédagogiques
- dessiner derrière le tableau mobile de la classe (s'il n'est pas utilisé)
- prendre une feuille blanche pour faire un dessin.
Ces privilèges sont utilisables dès lors qu'un élève a terminé un travail, quel que soit le moment de la journée ou la modalité de travail.
Ce système se veut comme un contrat entre l'élève et son enseignant. Il s'appuie sur une confiance mutuelle : l'enseignant fait suffisamment confiance à l'élève pour gérer lui même son autonomie, et lui fait confiance quant à la qualité de son travail. En échange, l'élève fait confiance à l'enseignant pour déterminer de son degré d'autonomie, et en accepte les conditions.
En l'absence de clés, les élèves se fient à mon affichage Que faire lorsque j'ai terminé un travail? pour s'occuper.
BILAN
En cette fin d'année, il est l'heure de dresser le bilan de ce système de clés d'autonomie.
Je peux dire avec beaucoup de retenue que ce système a très bien fonctionné dans ma classe. Il a permis de rappeler aux élèves quels étaient les caractéristiques d'un élève autonome.
Les élèves ont bien compris la question du mérite : je leur ai bien expliqué que tout était une question de confiance. Dès lors que je me rends compte que le travail de l'élève est correct en autonomie, alors je peux l'autoriser à se rendre au coin bibliothèque sans ma permission, et lui faire confiance pendant ce temps pour avoir un comportement respectueux de ses camarades (bavardage et bruit).
Ce système a été une source de motivation pour les élèves. Il leur a permis de grandir et de gagner en autonomie. Les élèves semblent avoir pris conscience de l'importance de respecter le travail et les besoins de silence des camarades, y compris lorsqu'ils ont terminé un travail.
Je retenterai l'expérience lorsque celle-ci se proposera à moi dans les années qui suivront, sans hésitation.
Ce système demande peu de temps de gestion et il est très simple à organiser. Je tiens à jour un tableau récapitulatif des fragments pour garder un œil sur l'avancée des élèves. Ce qui me plaît dans ce système, c'est la symbolique. Les clés représentent de vraies porte d'accès à des privilèges. La clé de la porte leur est donnée lorsqu'ils sont jugés capables et que la confiance règne entre l'élève et l'enseignant. En ce sens, les clés d'autonomie sont très valorisantes pour les élèves. Elles ont été très appréciées cette année.
La fiche individuelle pour les élèves est téléchargeable gratuitement en format modifiable : à vous de copier-coller autant de petites cases blanches que nécessaires.
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